Continuant sa campagne en faveur de l'implication des hommes dans les politiques d'égalité professionnelle des entreprises, l'ORSE organisait aujourd'hui, dans les locaux du MEDEF, une conférence qui rassemblait de nombreux intervenants européens, et mélangeait institutionnels, chercheurs, responsables d'entreprises et partenaires sociaux.
La deuxième table ronde nous a permis de constater qu'un nouveau champ d'études et de recherches est en train de s'ouvrir, qui concerne le présence des hommes dans les métiers fortement féminisés. C'est un sujet où il y a manifestement beaucoup à explorer, que ce soit sur ce que la mixité de ces métiers là peut transformer dans l'entreprise et la société, ou sur les leviers d'actions à utiliser pour la promouvoir.
Rachel Silvera, économiste à l'université Paris-Nanterre, nous a rendu compte de son analyse réalisée avec François Fatoux, délégué général de l'ORSE, sur la place qui est faite aux hommes, dans les 165 accords d'entreprises sur l'égalité professionnelle mis en ligne sur le site de l'ORSE. Ils ont pu constater, avec une certaine surprise, que pas moins d'un quart de ces accords évoquent la nécessité d'orienter d'avantage d'hommes sur les emplois à prédominance féminine, avec trois niveaux d'engagement: Certains accords en restent au stade de la déclaration d'intention, invoquant les contraintes socio-culturelles qu'elles ne peuvent influencer. D'autres s'engagent à sensibiliser les garçons et les hommes sur ces métiers. Quelques accords, enfin, s'engagent, à compétences égales, à proposer de préférence un homme sur des emplois à dominante féminine.
Autre étude interpellante, celle présentée par Helen Norman, chercheuse à l'Université de Manchester, qui met en évidence la discrimination dont sont aussi frappés les hommes quand ils s'orientent ou cherchent un emploi dans le "secteur du care" - sur la base des stéréotypes de genre concernant compétences "émotionnelles" et relationnelles. Elle montre aussi comment les hommes, une fois sur ces métiers où ils sont très minoritaires, sont beaucoup plus vite embarqués dans un parcours de carrière, selon des mécanismes qu'Helen Norman nomme joliment "escalator de verre"...
Faisant implicitement référence à ses conséquentes recherches sur la question, Rachel Sivera a conclu la table ronde en nous rappelant que, quoiqu'il en soit de ces nouveaux regards sur la mixité, ils n'auront d'impacts concrets qu'à la condition d'une revalorisation des emplois majoritairement féminins par la mise à plat des biais de genre qui conditionnent aujourd'hui l'évaluation des emplois.
Pour prendre connaissance de l'intégralité des débats de cette journée, je vous conseille d'aller consulter l'excellent compte-rendu de Karen Demaison, qui vous met aussi en lien avec chacun des intervenants et de leurs travaux.
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Et pour compléter votre réflexion sur la mixité de tous les métiers et ses effets je vous suggère de consulter le Guide de l'ANACT, sorti hier sur "La mixité dans l'entreprise pour améliorer conditions de travail et performance" de Florence Chappert et Karine Babule.
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